Justice pour Marie Belen
> Rassemblement
vendredi 10 février
17h00
Cour d’Assise
Place de Verdun
13100 Aix-en-Provence
Rassemblement féministe en soutien à notre camarade, sœur, et amie Marie Belen Pisano, assassinée à Marseille le 17 mars 2019
Le 17 mars 2019, Marie Belen, étudiante de 21 ans originaire d’Alès, a été poignardée en plein cœur à Marseille par un inconnu, alors qu’elle allait prendre le métro. La majorité des médias soulignent le vol de son portable comme motif du meurtre car l’accusé est poursuivi pour « vol avec violence ayant entrainé la mort ». Or, des images montrent clairement que le téléphone portable n’était pas ce qui intéressait l’assassin. Pour la famille de Belen comme pour les féministes qui la soutiennent, il s’agit d’un féminicide non intime (féminicide commis par une personne avec laquelle la victime n’a pas de lien intime).
Faire reconnaitre le meurtre de Marie Belen comme un féminicide, c’est faire honneur aux luttes dans lesquelles elle s’inscrivait.
Marie Belen était une camarade féministe franco-argentine. Ayant grandi dans les Cévennes, elle vivait à Marseille et soutenait les luttes féministes latino-américaines. C’était une jeune femme libre, qui ne supportait pas les injustices. Sensible à toutes les luttes contre les oppressions, elle ne faisait pas de concession aux manifestations du racisme, du classisme, de la xénophobie et du sexisme. Après des études aux Beaux-Arts de Montpellier, Belen s’est tournée vers des études d’anthropologie. Elle était une artiste talentueuse, qui illuminait ce monde et voulait y laisser une trace. Nous la porterons à jamais dans nos coeurs et dans nos luttes, car quand une féministe meurt, elle ne meurt jamais.
Le 10 février sera le dernier jour du procès de l’assassin de Belen, procès tenu à huis-clos à la Cour d’Assise d’Aix-en-Provence. Nous refusons que le verdict prononcé ne soit qu’un fait divers, que le procès soit réduit au traitement d’un individu et d’une psychologie déviante. Le meurtre de Belen est une manifestation de la violence du patriarcat. Le féminicide est le point culminant de toutes les violences qui assaillent les femmes et les minorités de genre.
Nous contestons le silence et la dépolitisation des violences sexistes qui ont causé sa mort et soutenons la revendication de féminicide non-intime portée par ses proches depuis bientôt 4 ans. Nous saluons le courage et la force de la famille de Marie Belen, dont la lutte est exemplaire. Solidaires et vénères, nous serons présentes devant la Cour d’Assise d’Aix-en-Provence le 10 février à 17h pour une partie d’entre nous, ou place de la République à Paris le même jour à 18h30 !
Les violences faites aux femmes nous concernent toutes et tous
Que ce soit au travail, en couple, dans nos familles, nos collectifs militants ou dans l’espace public, les femmes et minorités de genre sont constamment visées par des violences sexistes et sexuelles. Comme on l’entend depuis plus de 20 ans, 1 femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint. Les violences patriarcales sont quotidiennes et systémiques. Elles concernent toutes les classes sociales et ne sont liées ni à des questions de « cultures » ni à des questions « d’éducation », contrairement à ce que répètent les discours racistes et classistes dominants. Sinon, pourquoi 2 tiers des étudiantes de médecine en France auraient-elles été victimes d’agression sexuelle ? Les violences sexistes et sexuelles prennent des visages anti-LGBT (elles ont doublé en cinq ans), validistes (80% des femmes handicapées sont victimes de violence), et ce dans un contexte de racisme, d’islamophobie et d’instrumentalisation nationaliste du féminisme. Nos camarades travailleuses du sexe sont aussi visées par des féminicides à répétition – nous pensons à Vanessa Campos, femme trans péruvienne assassinée en 2018, ou à Sabah, rouée de coups en plein Paris en novembre dernier.
Tous ces meurtres ne relèvent pas de cas isolés. Ils ont pour auteur le cis-hétéro-patriarcat. Il n’y a pas de petites violences : de l’insulte aux viols et aux féminicides, nous vivons dans un système qui légitime et banalise les violences des hommes sur les femmes et les minorités de genre. L’impunité des agresseurs est réelle, autant que la double peine que subissent celles et ceux qui dénoncent ces violences.
Nous appelons à transformer nos larmes et nos douleurs en résistance, nos pertes en luttes, à porter la mémoire de nos mortes, à crier leur nom et exiger que justice soit faite ! Les femmes et les minorités de genre subissent de plein fouet la hargne du patriarcat, tenons le front de la résistance !
Pour nos mortes, pas une seule minute de silence mais toute une vie de lutte !
NI UNA MENOS MARIE BÉLEN PRESENTE !