Nos actualités associatives

Attaques sur l'accès aux soins

Coupes budgétaires et fermeture de CSS

Un Centre de Santé Sexuelle (CSS) est un lieu, parfois rattaché à un centre hospitalier, parfois directement au sein des antennes du Planning familial, subventionné par les départements. Les personnes s’y rendent pour être écoutées, pour chercher de l’information sur la vie affective, relationnelle et sexuelle et pour consulter des gynécologues et des sages-femmes.

L’accueil y est inconditionnel : c’est gratuit et anonyme, tout le monde peut se rendre dans un CSS. C’est un relai central, pour toustes, y compris les populations vulnérables, dans la prévention et l’accompagnement psychologique et médical des personnes au sujet de la contraception, de l’IVG et des violences sexuelles.

Sur l'ensemble du territoire, les centres des Planning Familiaux sont menacés par les coupes budgétaires. Fermer les centres de santé sexuelles c'est mettre en péril l'accès au soin de milliers de personnes, c'est rendre plus difficile l'accès à l'IVG pour celleux qui le souhaitent.

Dans les faits, moins de subventions pour les CSS et le Planning familial, c’est :

  • la suppression de lieux d’accès aux soins (40% de lieux en moins dans la Drôme) ;
  • la suppression de centaines de consultations médicales par semaine sur le territoire ;
  • la suppression d’interventions d’EVARS en milieu scolaire (suppression de 40 séances en Loire-Atlantique, soit, à l’échelle des Pays de la Loire, 2 000 élèves qui n’auront pas de séance d’EVARS comme prévu en 2025) ;
  • la suppression de permanences d’écoute ;
  • des licenciements au sein des équipes salariées ;
  • un recul dans la prévention et la prise en charge des victimes de violences sexistes, sexuelles, conjugales et intrafamiliale.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ces coupes budgétaires affectent l’accès aux droits des usager-es, les premier-es touché-es étant les publics jeunes et/ou en situation de précarité et les habitant-es des zones rurales. Les inégalités y sont les plus importantes, à la fois en termes d’accès aux soins et de violences conjugales (près de 50% des féminicides ont lieu en zone rurale). Les risques, ce sont des retards de prise en charge dont des IST non diagnostiquées, des IVG tardives, voire des situations de personnes hors-délais et de potentielles complications. À terme, ces décisions affectent la santé publique : on sait que la prévention – massive, pour toustes, tout au long de la vie et sur l’ensemble du territoire – est le principal levier de réduction des violences sexistes et sexuelles, des inégalités de santé et des inégalités de genre. Et si tout cela n’est pas suffisant et qu’il est besoin d’un argument économique, Sandrine Mansour, coordinatrice régionale du Planning familial en Pays de la Loire, explique : « C’est un calcul à court terme : un euro mis dans la prévention santé, c’est 37 euros d’économisés en soins. ».

La constitutionnalisation de l’IVG ne nous protège pas des attaques des politiques publiques de droite et d’extrême-droite contre l’effectivité de nos droits sexuels et reproductifs. La présence de CSS sur l’ensemble du territoire est un enjeu de santé publique et non une variable d’ajustement budgétaire. Lutter contre la fermeture des CSS, c’est lutter pour le respect effectif des droits sexuels et reproductifs et pour l’égalité dans l’accès aux soins pour toustes et sur l’ensemble du territoire.

Le Planning familial 13 n’échappe pas aux pressions économiques. Depuis l’automne, la direction tire la sonnette d’alarme concernant ses difficultés financières, notamment auprès des élu-es. En effet, début août 2024, la Prime Ségur a été étendue aux salarié-es du secteur social et médicosocial privé dont font partie les salariées du Planning familial. Si cette décision est une avancée à titre individuel pour les salarié-es, sans compensation de l’État, elle met concrètement l'association en difficulté financière – ce qui est aggravé par l’incertitude quant au renouvellement de certains financements publics. Au PF13, nous avons pour l'instant privilégié de demander à ce que le montant des subventions accordées intègre l'augmentation des coûts liés à cette prime.

L’Aide Médicale d’État menacée, c’est les droits à la santé sexuelle attaqués

Une autre attaque contre l’accès aux soins et aux droits en santé sexuelle, c’est le projet de loi de financement de la Sécurité sociale – revenue sur le devant de la scène au moment du vote du budget 2025 – qui menace l’Aide Médicale d’État (AME).

L’AME est un dispositif public qui permet aux personnes exilées, réfugiées ou demandeuses d’asile de bénéficier d’un accès à la prévention et aux soins gratuits sur le territoire – sauf à Mayotte où l’AME ne s’applique pas. C’est-à-dire que les soins médicaux et hospitaliers des bénéficiaires sont pris en charge à 100 %, et sans avance de frais, dans la limite des tarifs de la Sécurité sociale. En ce qui concerne spécifiquement la santé sexuelle, les soins couverts comprennent certains dépistages et les frais liés à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse. Cette aide est soumise à conditions de ressources : il faut percevoir moins de 847 euros par mois pour une personne seule. Elle concerne les personnes résidant en France depuis plus de 3 mois sans titre de séjour – sauf pour les mineurs qui bénéficient de l’AME sans délai.

Le 31 janvier 2025, députés et sénateurs ont décidé d’une coupe budgétaire concernant l’Aide Médicale d’État (AME). Ce qu'il se joue en réalité, c'est un démantèlement à bas bruit du dispositif. Parmi les propositions : réduire les soins accessibles avec l’AME, voire la remplacer par une  Aide Médicale d’Urgence (AMU), renforcer les contrôles par l’Assurance maladie, conjugaliser le calcul des ressources en faisant passer le seuil d’admissibilité à l’AME à 1 271 euros par mois pour un couple en France métropolitaine. Ces mesures auraient pour conséquence de priver des dizaines de milliers de femmes exilées de couverture santé, tout en les maintenant dans une situation de dépendance financière auprès de leur conjoint concernant leur accès aux soins, au risque d’accroître leur vulnérabilité face aux situations d’emprise, de chantage aux papiers, de violences financières et conjugales.

Or, s’il est besoin de contre-argumenter, toutes les données des rapports sur le sujet et tous les retours des acteurices de terrain prouvent le contraire. Déjà, la « migration pour soins » est un épouvantail agité par les réactionnaires. En réalité, la proportion des bénéficiaires reste stable depuis 10 ans et seulement 51% des personnes éligibles à l’AME en bénéficient effectivement : les personnes en situation migratoire ont peu connaissance de ce dispositif qui leur est bien souvent difficilement accessible matériellement. Ensuite, sur le plan économique, l’AME c’est seulement 0,5% des dépenses de l’Assurance maladie en 2023 et sa destruction entrainera des prises en charges plus tardives, donc plus graves, donc plus coûteuses.

Enfin, l’AME est un dispositif absolument nécessaire à la protection de la santé individuelle et publique : le renoncement aux soins que causerait une réforme de l’AME aurait pour effet la dégradation de l’état de santé des personnes exilé-es et donc de l’état de santé publique car la santé d’une population, c’est la santé de toutes et tous.

L’AME est un pilier essentiel de l’accès aux droits et aux soins des personnes étrangères en situation précaire, particulièrement fragiles sur le plan sanitaire et social. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les premières victimes de ces violences institutionnelles sont les femmes en situation administrative précaire. Plus particulièrement, c’est leur accès aux soins post-agression, à la contraception d’urgence, à la chirurgie de reconstruction à la suite de mutilations génitales, aux traitements préventifs contre le VIH (PrEP) qui est menacé.

Le Mouvement français pour le Planning Familial et les associations de défense des droits des exilé-es défendent un système de soins inclusif qui passe par un accès simplifié et sans obstacle à une couverture maladie pour toutes et tous grâce à l’instauration d’une carte vitale pour les usagers de l’AME afin de favoriser l’accès aux soins des plus précaires, d’alléger le travail administratif des soignants et de l’Assurance maladie et de renforcer notre santé publique.

Pour un accueil inconditionnel, partout ET pour toustes

Au Planning familial 13, on milite pour l’accueil inconditionnel des personnes, peu importe leur genre, leur âge, leur situation financière, administrative ou de validité. En 2023, 1755 consultations gynécologiques ont été réalisées au CSS du Planning familial de Marseille. Elles sont sur rendez-vous, gratuites pour toustes et sans avance de frais (y compris pour les personnes non-assurées par la Sécurité sociale), anonymes sur demande. Elles sont accessibles quelle que soit la langue des patient-es grâce au recours à l'interprétariat en langue étrangère, adaptées aux personnes en situation de handicap et aux personnes grosses (la table d’orthogénie est conçue pour pouvoir accueillir des personnes de plus de 100kg, ce qui est encore rare et témoigne de la grossophobie du milieu médical).

Le Planning familial 13 porte également deux dispositifs régionaux : le numéro vert 0 800 08 11 11 et le site internet www.parlons-sexualites.fr. Ils permettent une accessibilité à l’information, l’écoute et l’orientation pour les personnes éloignées des centres urbains. Les salariées en charge de ces projets, Marion et Coline, disposent donc d'un aperçu de l’accès aux soins au niveau de l’ensemble de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Elles repèrent des zones moins couvertes : ce sont des zones dans lesquelles les femmes qui souhaitent effectuer une IVG sont obligées de parcourir de longues distances, parfois même de changer de département, pour trouver un-e médecin, un CSS, un centre hospitalier. On appelle cela le « taux de fuite ». Ou alors ce sont des zones dans lesquelles les demandes d'anonymat ou encore la prise en charge des personnes en situation administrative précaire sont plus difficiles à mettre en place. Elles identifient en particulier le secteur de Dignes-les-Bains et l’est des Alpes-de-Haute-Provence (04) ; le sud et l’est des Hautes-Alpes (05) ; le secteur d’Arles et des Alpilles, les 15e et 16e arrondissement de Marseille ainsi que le nord des Bouches-du-Rhône (13) ; le nord du Var (83) et le nord du Vaucluse (84). Pour assurer malgré tout nos missions de prévention dans ces zones moins couvertes, les salarié-es identifient les structures accueillant du jeune public (établissements scolaires, centres sociaux, missions locales…) et les pharmacies, médecins généralistes et sages-femmes à proximité, pour pouvoir communiquer auprès d'elleux sur le numéro vert et le site internet, et ainsi travailler à l’identification des lieux ressources en santé sexuelle auprès de ces publics éloignés du soin.

Communiqué de presse inter-AD - Alerte sur les fermetures de CSS

Pour une éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle

Un programme d'Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle

 

Le mot « EVARS » a fait irruption dans le débat public à la fin de l’année 2024 en raison de l’actualité de la publication du programme d’Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle le 6 février dernier, pour une entrée en vigueur à la rentrée scolaire 2025.

Au niveau national, l’élaboration du programme d’EVARS a déclenché des vagues de résistances et de fake news de la part de franges réactionnaires allant de la droite catholique traditionnelle à l’extrême-droite, héritières de la Manif pour tous et relayées par les sénateurs LR et les médias Bolloré. Ces attaques sont menées par des associations de parents d’élèves faussement apolitiques (parmi lesquelles Mamans louves, Parents Vigilants, Parents en colère), le Syndicat de la famille et SOS-Éducation – les premiers dans une filiation zemmouriste et/ou antivax assumée, les seconds soutenus par l’ex-ministre délégué en charge de la « Réussite scolaire et de l'Enseignement professionnel », Alexandre Portier.

La publication du programme est une avancée mais, comme l’explique le Collectif Enfantiste sur Instagram, elle s’est faite au prix d’un lissage des propositions des militant-es et des professionnel-les de l’EVARS. Dans cette dernière version édulcorée, plusieurs sujets sont abordés plus tard que prévu au cours de la scolarité – l’identité de genre et les parcours trans, le consentement et la prévention des violences sexistes et sexuelles – ; certains sont tout bonnement invisibilisés – l’homoparentalité, les existences trans, non-binaires, intersexes et asexuelles – ; et d’autres sont réduits à une approche scientifique – l’éducation menstruelle. Comme l’explique la journaliste Rozenn Le Carboulec dans sa newsletter Gendercover, entre l’avant dernière version du programme votée à l’unanimité le 29 janvier et la version finale parue une semaine plus tard, la formulation « homophobie et autres »  remplace et invisibilise la transphobie, qui ne figure plus nulle part dans le nouveau programme d’EVARS. Ce détail, qui n’en est pas un, témoigne d’un recul face aux pressions conservatrices.

Ce nouveau programme d’EVARS n’est qu’une première étape et tout reste à faire : on est bien loin dans les faits des trois heures d’EVARS par an, obligatoires depuis 2001. En 2024, moins de 15% des élèves en auraient bénéficié. Le personnel de l’Éducation nationale dénonce un manque d’heures allouées et de formations des professeur-es, ce à quoi s’ajoutent les coupes budgétaires pour les associations qui viennent faire de l’EVARS en milieu scolaire.

 

L'EVARS au Planning Familial 13

 

En 2023, le Planning familial 13 est allé à la rencontre de 7042 élèves et 558 étudiant-es dans 7 écoles, 24 collèges, 17 lycées et 11 établissements d’enseignement supérieur pour faire de l’EVARS. Ces séances, ce sont des « groupes de parole et d’information » et non des cours sur la sexualité. Il s’agit d’instaurer un espace-temps de dialogue, de débats, à partir des sujets que les élèves amènent elleux-mêmes et sur lesquels iels souhaitent s’exprimer : les animateurices partent de ce que les jeunes disent et savent, des mots qu’iels utilisent. Plusieurs principes guident ces interventions : non-mixité, animation non-directive, discipline moins stricte, confidentialité et non-jugement. Les animateur-ices de préventions travaillent avec les équipes enseignantes en les impliquant dans leurs interventions. Si la présence d’un-e adulte référent-e de l’établissement est obligatoire, elle témoigne aussi de la légitimité et de l’intérêt pédagogique que l’établissement scolaire porte à l’EVARS. L’objectif principal à la fin de ces séances, c’est que les élèves et étudiant-es aient identifié le Planning familial comme un lieu ressource en santé sexuelle.

Des attaques répétées contre l'EVARS

 

Ces derniers temps, des établissements subissent les attaques directes des organisations de parents – menaces et intimidations des personnels, tracts et courriers envoyés aux parents, vandalisme, voire incendies en Belgique. Elles portent un discours qui allient critique du « wokisme », de la « théorie du genre » et complotisme au service de la désinformation. Selon elles, les militant-es queer et féministes traumatiseraient les enfants en niant « les différences biologiques entre les filles et les garçons », en leur enseignant « le Kamasutra et la masturbation », en rendant les enfants trans, en prônant «  le bisexualisme et le polyamour, [en banalisant] les transitions de genre » (Max Brisson, sénateur LR), en « endoctrinant les élèves, les forçant à parler de sexe, ce qui s’appelle de la corruption de mineurs » (Parents en colère). Récemment, un article du Monde, relayait les propos de Noémie, salariée au PF13 : « Durant les réunions scolaires, certains parents accusent nos actions d’éducation à la sexualité de pousser les élèves à l’homosexualité, ou d’inculquer la masturbation », regrette celle qui, à l’instar de « nombreux collègues », s’est vue traitée de « pédophile », à la fois par des enfants et des adultes, au motif que ses interventions « sexualiseraient » la jeunesse. »

 

Nous restons mobilisées pour faire de l'éducation à la sexualité un outil accessible à toustes et porteur de changements sociaux profonds.

Nous retrouvez pour le 8 mars et des liens pour aller plus loin

L'équipe bénévole du Planning familial 13 vous propose de se retrouver jeudi 6 mars à 17h au 106 boulevard National pour préparer ensemble pancartes et banderoles pour la manif du samedi 8 mars (départ 14h30 au Vieux Port).

À propos de l’EVARS :

Documentaires :

Presse :

Un article de Mediapart du 21 février 2025 révèle les résultats de l’étude « (Cyber)violences de genre chez les jeunes de 11 à 18 ans » dont le ministère de l’éducation repousse la publication : 43% des élèves ont été victimes de violences sexuelles au cours de la dernière année ; seulement 26% des victimes de violences en parlent et seulement 13% des victimes se tournent vers des adultes de l’école.

PodcastS :

Comptes Instagram :

@ Association Parents & féministes

Le Planning familial 13 recommande !

Pour aller plus loin...

 

Le constat que fait Camille N, coordinateurice des actions en lien avec le handicap et du programme « Handicap et Alors ? » au Planning Familial 13, c’est que le handicap n’est pas un sujet dans le débat public. Les seuls relais médiatiques qui existent sont au choix validistes et misérabilistes – on pense par exemple au Téléthon – ou alors sous-tendus par un discours méritocratique dans le cas des Jeux Paralympiques, qui sur-valorise les athlètes et leur « courage ». Les personnes en situation de handicap sont sous-représentées dans les médias, dans les productions culturelles, déconsidérées politiquement et bien souvent exclues des politiques publiques en matière d’éducation à la sexualité.

Au Planning familial, nous réalisons tout au long de l’année un travail de veille sur l’actualité politique, l’actualité de la recherche médicale et universitaire, et la théorie politique en rapport avec le handicap. Pour aller plus loin sur les luttes handies et les questions de handicap et de validisme, et pour enfin donner la parole aux personnes concernées, nous vous recommandons :

  • De chair et de fer. Vivre et lutter dans une société validiste, un essai de Charlotte Puiseux
  • Nos existences handies, un recueil de textes de Zig Blanquer, militant handi à l’origine du terme "validisme" en langue française. Une super introduction aux pensées handies !
  • Le podcast H comme handicapé-e-s

Et les comptes Instagram à suivre !

@ La vie à croquer
@ Paye ta psychophobie
@ Sexpair santésexuelle
@ Les dévalideuses

Le handicap au Planning Familial 13

"Handicap, et alors ?", c’est quoi ?

 

En France, la loi de 2005 reconnaît aux personnes en situation de handicap le droit au respect de leur vie privée et à l’exercice de leur autonomie, y compris dans le domaine de la sexualité. Quand on se rappelle que jusqu’alors, la tendance était plutôt à la négation, la stigmatisation, voire à la répression de la sexualité des personnes en situation de handicap, c’est une grande avancée. C’est aussi cette histoire d’infantilisation des personnes en situation de handicap dont on a longtemps considéré la sexualité comme « déviante » qui expliquent que les personnes concernées et leur entourage familial, social et institutionnel ont besoin d’un accompagnement sur ces questions de vie relationnelle, affective et sexuelle.

Le Mouvement Français pour le Planning Familial défend notre droit à toustes de vivre une sexualité vécue sans répression ni dépendance, dans le respect des différences, de la responsabilité et de la liberté des personnes. Notre association féministe intersectionnelle, par ses activités, mène une lutte conjointe contre tous les systèmes d’oppressions, y compris l’oppression validiste (discrimination à l’égard des personnes en situation de handicap).

Nous faisons le constat suivant :

« Si le handicap lui-même restreint l’accès au corps et à l’autonomie sexuelle, les cadres institutionnels non adaptés, les pros en manque d’outils et de ressources, comme les familles parfois désemparées, sont autant d’obstacles à une avancée vers l’autonomie sexuelle, affective et relationnelle des personnes en situation de handicap. »

C’est sur cette base qu’est construit le programme « Handicap et Alors ».

En partant de l’expérience vécue des personnes en situation de handicap, le Planning Familial a élaboré un programme d’accompagnement, non seulement des personnes en situation de handicap, mais également de leurs familles, des pros et des institutions. Au-delà de l’enjeu de faire respecter la loi de 2005, il s’agit plus généralement de lutter pour le respect de l’intimité des personnes en situation de handicap et pour qu’elles accèdent, librement et de manière adaptée à leurs besoins spécifiques, à une éducation à la sexualité.

Il faut aussi rappeler qu’en France, en 2025, le handicap est le premier critère de discrimination. Le Planning Familial remplit donc une mission de prévention et d’accompagnement de ces violences sexuelles dont sont victimes les personnes en situation de handicap.

Quelques chiffres et faits :

  • Les personnes handies sont 5 fois plus victimes de violences sexuelles que les autres
  • On estime que 80% des femmes en situation de handicap ont été victimes de violences sexuelles.
  • En 1998, 500 cas de stérilisation forcée de personne handie ont été répertoriée. Nous n'avons pas de chiffres plus récent, mais on estime ces chiffres en-dessous de la réalité. Depuis la loi de 2001, la stérilisation est plus encadrée.
  • Encore de nombreuses institutions accueillant des personnes handies imposent aux jeunes femmes une contraception.

Et au Planning Familial 13, qu’est-ce qu’on fait ?

 

En 2024, le Planning Familial 13 a travaillé avec environ 70 organismes et associations sur les sujets de handicap et de santé mentale sur les Bouches-du-Rhône. En tout, c’est une cinquantaine d’actions dans sur tout le département : accueil de publics dans les locaux du 106 boulevard National, entretiens individuels et interventions en groupe, séances de théâtre de l’opprimé sur les questions de vie affective et sexuelle et de validisme, formation des pros et des proches, rencontres avec les institutions…

Au Planning Familial 13, nous proposons, dans cette perspective, une formation « Handicap, vie affective et sexuelle » aux pros du champ du handicap, qui met en avant l’importance d’être à l’écoute des questions liées à la sexualité, de prendre en compte la dimension affective et relationnelle de l’accompagnement des personnes en situation de handicap et de mettre en place des actions d’éducation à la sexualité auprès de ces publics.

Comment favoriser l’autonomie des personnes en situation de handicap que l’on accompagne ? Comment « prendre en charge » ces publics sans envahir leur intimité ? Comment ne pas entraver la reconnaissance et l’expression de leur vie sexuelle ?

En travaillant avec elleux sur leurs pratiques, leur positionnement, leurs représentations, nous accompagnons et formons les pros à la promotion de l’autonomie des personnes au sujet de tout ce qui concerne la sexualité et la vie affective et relationnelle, ainsi qu’à la mise en conformité de leurs pratiques et règlements intérieurs avec la loi de 2005.

Par ailleurs, notre centre de santé sexuelle est un espace d’écoute où orienter les personnes handies qui souhaiteraient parler de vie affective, relationnelle et sexuelle. Notre équipe est formées pour adapter son écoute et son langage aux besoins spécifiques de chacun-es. Les locaux sont équipés pour recevoir du public handi dans ses permanences d’écoute.

Dans le cadre de l’éducation à la vie affective et sexuelle, les outils d’animation qui sont utilisés durant les permanences d’écoute et les interventions collectives sont adaptés au vécu émotionnel et cognitif de ces publics : supports pédagogiques écrits en FALC (FAcile à Lire et à Comprendre), outils en braille, matériel à toucher, poupées sexuées…

Une de nos pièces de théâtre-forum, Un amour impossible est l’occasion de travailler en groupe sur les thématiques de l’autodétermination et de l’affirmation de soi, tout en passant en revue les questions de l’accès à l’intimité quand on vit en institution et sur la tension entre protection des résident-es et intrusion dans leur relations intimes.

Cette année, on fête les 20 ans de la "loi handicap" de 2005

La loi de 2005 sur le handicap, c’est quoi ?

 

La loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005, c’est la première fois que la loi française définit le handicap :

« constitue un handicap (…) toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant. »

Avec cette définition, le handicap n’est plus qu’une question médicale. Au contraire, cette loi a pour objectif de sensibiliser l’ensemble de la société civile au handicap et à ses implications dans la vie quotidienne des personnes concernées. C’est toute la politique du handicap en France qui change en favorisant le maintien en milieu ordinaire des personnes en situation de handicap – c’est-à-dire leur maintien à domicile et leur intégration dans la ville. Autrement dit, depuis 2005, l’État français reconnaît que le rôle de la société, c’est de compenser le handicap.

La loi de 2005 entend garantir l’accès à l’égalité des droits et des chances pour les personnes en situation de handicap par l’introduction de deux principes fondamentaux. Le premier, c’est la compensation des conséquences du handicap pour toustes, quel que soit le handicap, qui permet la prise en charge des surcoûts quotidiens qui viennent avec le fait de vivre dans une société pensée et conçue pour les personnes valides. Le second, c’est l’obligation d’accessibilité de tous les modes de transport et de tous les bâtiments recevant du public.

Enfin, la loi de 2005 légifère dans les domaines de l’intégration scolaire et de l’insertion professionnelle en vertu d’un principe de non-discrimination. Pour ce qui est de l’accès à l’emploi, la loi de 2005 entend garantir l’accès des personnes en situation de handicap à un travail des conditions adaptées à leurs besoins et oblige les entreprises de plus de 20 salarié-es à accueillir au moins 6% de travailleur-euses handicapé-es. C’est une mesure de discrimination positive à l’égard travailleur-euses handicapé-es.

Pour ce qui est de l’accès à l’éducation, la loi de 2005 reconnaît à tout enfant en situation de handicap le droit d’être inscrit-e dans l’école ordinaire dont relève son domicile – leur nombre passe de 100 000 en 2006 à 436 000 en 2022. La loi reconnaît également le droit pour ces élèves et étudiant-es de bénéficier d'un accompagnement en milieu scolaire et universitaire adapté à leurs besoins. C’est la création des accompagnant-es des élèves en situation de handicap (AESH). Mais les associations dénoncent la précarité des conditions de travail des AESH et leur manque de formation.

Et en 2025, on en est où ?

 

Dans les faits, beaucoup des objectifs énoncés par la loi de 2005 n’ont pas été atteints, particulièrement en termes d’accessibilité. En août 2024, alors que la France s’apprêtait à recevoir les Jeux paralympiques, moins de la moitié des établissements recevant du public (ERP) sur le territoire étaient conformes aux normes d’accessibilité.

D'après une étude de l'UNAPEI de 2023, 23% des élèves en situation de handicap ne bénéficient d'aucune heure de scolarisation dans la semaine. Le manque de place en institution médicale éducative (IME) et le manque de personnel accompagnant en milieu scolaire ordinaire ne permet pas aux enfants de suivre une scolarité selon leurs besoins spécifiques.

Nous sommes encore loin du compte, d'une société qui permettrait aux personnes handies de jouir pleinement de leurs droits et de vivre dignement comme et où elles le souhaitent. En 2025, en France, le handicap demeure le premier critère de discrimination.

Offre d'emploi

Le Planning Familial 13 recrute son/sa directeurice adjoint/e.

 

Le poste est à pourvoir dès mars-avril 2025.

Envoyez votre candidature à recrutement@leplanning13.org

 

Toutes les précisions dans l'offre ci-dessous :

Offre d'emploi - directeurice adjoint/e

Soutenez le Planning Familial 13, devenez adhérent·e de l'association

Le Planning Familial 13 mène des missions indispensables de prévention et de santé auprès de toute personne ayant des besoins concernant la vie affective relationnelle et sexuelle. Il est aussi reconnu comme un lieu d’écoute et d’accueil non spécifique pour des personnes victimes de violence ou de discriminations. Chaque année, ce sont près de 24 000 personnes touchées par nos actions.

Aujourd’hui, notre association est en danger :
Alors que la situation budgétaire était déjà tendue, le 6 août dernier, le gouvernement a acté l’extension de la Prime Ségur aux salarié·es du Planning Familial 13. Cette décision est une avancée et une reconnaissance pour nos salarié·es, mais elle fragilise le Planning Familial 13 qui ne dispose pas du budget supplémentaire nécessaire pour financer cette prime mensuelle (100 000 euros chaque année).

Au même moment, sont annoncés des risques de baisse de subventions du fait d’une diminution du côté des ministères. Pourtant, les besoins sont criants : le nombre de séances de prévention réalisées ne répond pas aux besoins, les transmissions des I.S.T augmentent avec des dépistages tardifs, les violences faites aux femmes et aux minorités persistent et éclatent au grand jour, l’accès à la contraception choisie et à l’IVG est insuffisant. Une diminution de notre activité n’est pas envisageable pour nos bénéficiaires toujours plus nombreux.

Pour nous  soutenir, vous pouvez adhérer  à l'association du Mouvement Français pour le Planning Familial  des Bouches-du-Rhône.

Je prends  mon adhésion

J'crains dégun 2024

Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes et aux minorités de genre
Le samedi 23 novembre et le lundi 25 novembre, dans le cadre de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des minorités de genre, le CIDFF Phocéen, Solidarité femmes 13 et le Planning familial 13 se sont associés pour proposer J’crains dégun, un parcours culturel unique dans le centre-ville de Marseille.

Voir le programme des deux journées

Autre événement, le samedi 23 novembre la Ville de Marseille inaugurait l'esplanade Gisèle Halimi. Figure du féminisme en France, elle est la seule avocate signataire du manifeste des 343 de 1971 réunissant des femmes qui déclarent avoir déjà avorté.

Le Planning Familial tenait un stand à cette occasion.

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Dans la presse

Journal Zebuline

Manuel illustré - Nos sexes sont politiques

Dans l’ensemble des actions du Planning Familial, la question des corps et plus précisément de l’anatomie génitale est récurrente. Pour parler de santé sexuelle, de sexualités, pour déconstruire des idées reçues, pour informer, pour redonner du pouvoir aux personnes…

Les planches anatomiques font donc partie des outils ressources du Planning, pour illustrer, donner à voir, soutenir la parole.

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