En France, depuis 1975, les femmes enceintes ont la possibilité de recourir à une interruption de grossesse après 12 semaines de grossesse (délai légal de l’IVG) au motif que la poursuite de la grossesse mettrait en péril grave leur santé : c’est l’interruption médicale de grossesse (IMG) pour raison « maternelle ».
Les causes sont multiples : cela peut être en lien avec une pathologie (cancers, insuffisance cardiaque sévère, maladies psychiatriques graves, etc.) mais aussi pour un motif dit « psychosocial » : changement dans la relation (rupture, abandon), violences conjugales ou intrafamiliales, précarité économique et/ou administrative, âge, manque de connaissances sur la loi IVG ou sujet tabou, etc.
C’est une équipe pluridisciplinaire composée essentiellement de médecins issu·es de centres de diagnostic prénatal (CPDN) qui vont évaluer le caractère grave de la situation. Malheureusement, les personnes en demande d’IMG pour motif psychosocial n’obtiennent que très rarement un accord et sont souvent obligées de poursuivre leur grossesse ou d’aller l’interrompre à l’étranger. La santé est souvent vue par ces professionnel·le·s comme une absence de maladies, et non comme un « état complet de bien-être physique, mental et social » comme le définit l’organisation mondiale de la santé (OMS).
C’est pour cela que le Planning Familial 13 s’est intéressé cette année à ce qui se fait dans d’autres départements et notamment en Indre-et-Loire, où les médecins des centres de Planning Familial ont rejoint les équipes pluridisciplinaires des CPDN. C’est un atout car ces médecins sont davantage sensibilisé·es aux situations que peuvent rencontrer les femmes en demande d’IMG (violences, précarité, etc.) et plus à même d’évaluer leur bien-être social. Après une rencontre avec la docteur Nathalie Trignol Viguier (Centre d’orthogénie du CHU de Tours), nous nous sommes rapproché·es des CDPN marseillais et leur avons proposé un temps de réunion en mai 2021.
Nous avons échangé sur nos protocoles et les problématiques rencontrées par nos structures respectives. Nous nous sommes mises d’accord sur la façon de leur adresser des personnes et avons décidé de recenser les demandes d’interruption de grossesse au-delà de 12 semaines pour pouvoir les analyser lors d’une prochaine réunion en mars 2022. Cela nous a semblé positif : nous espérons que ce partenariat facilitera in fine l’accès et le parcours des femmes en demande d’IMG. Cela va dans le sens des luttes du Planning Familial pour permettre à toutes les personnes qui souhaitent interrompre leur grossesse de trouver une solution en France.